Revenim cu o analiza din eseul Le Petitt livre bleu de Antoine Buéno, aparut in iunie 2011, pentru a da inca un exemplu de reactii viscerale ale fanaticilor.
Trebuie interzisi Schtroumpfii?
Un sef unic si omnipotent; o ariana idealizata pentru frumusetea ei; o invazie de „negri” combatuti prin puritatea sangelui; un rau cu nas si degete incovoiate… Lucrarea lui Peyo este oare „un arhetip al utopiei totalitare marcata de stalinism si nazism”? Antoine Buéno, autorul „Carticelei albastre”* se explica.
Bien sûr que non ! Et tel n’est d’ailleurs absolument pas le propos de mon essai, Le Petit livre bleu (sortie le 1er juin, éditions Hors Collection), première monographie critique jamais consacrée aux lutins bleus de Peyo. Pourtant, la seule annonce de la publication de mon livre a suscité l’émoi, l’indignation, même l’anathème.
Comment ose-t-on critiquer les Schtroumpfs ?! De quel droit ?! Pour qui se prend-t-il ?
En quelques jours, une volée de bois vert s’est abattue sur mon nom. De la contre-vérité à l’insulte pure et simple. Des réactions épidermiques schématiquement classables en deux grandes catégories : je serais soit un imbécile, soit un escroc. Autrement dit, soit un épurateur débile, soit à la recherche d’un coup de pub. Des réactions d’une violence surprenante mais sans doute très intéressante sur le plan sociologique et qui en disent long sur l’affectivité du sujet (et peut-être aussi sur la capacité de certains oisifs à réserver leur indignation à des causes pathétiques).
Bref, un buzz d’autant plus ridicule que, par définition, personne n’avait pu lire une ligne de mon essai puisqu’il n’était même pas encore sorti !
Me voici donc jeté sur le banc des accusés.
Mais de quoi m’accuse-t-on au juste ? De crime de lèse-Schtroumpf ! Touche pas à ma madeleine, me crie-t-on. C’est d’actualité, je plaide non coupable.
Que dis-je de si terrible sur les schtroumpfs dans mon Petit livre bleu?
1- Je dis que, passée au crible de la science politique, l’œuvre de Peyo peut apparaître comme un archétype d’utopie totalitaire empreinte de stalinisme et de nazisme. La société des Schtroumpfs présente en effet :
– tous les attributs des utopies classiques (société de félicité, collectiviste, statique, géométrique, autarcique) ;
– des caractéristiques qui rappellent le communisme stalinien (des habits rouges du Grand schtroumpf aux travaux collectifs en passant par le matérialisme de l’univers) et le nazisme (du racisme de la première BD à l’antisémitisme palpable avec le personnage de Gargamel en passant par le corporatisme de la société schtroumpfesque) ;
– une structure qui pourrait correspondre à celle d’un totalitarisme achevé (le village s’affirmant dans Le Schtroumpfissime comme anti-démocratie et présentant une société atomisée dirigée par un chef unique omnipotent et incontestable, qui dispose de son bouc-émissaire avec le personnage du schtroumpf à lunettes et de sa propre novlangue).
2- Est-ce bien sérieux ? Oui et non.
Oui, parce que mon analyse ne tombe pas du ciel : elle étaye des intuitions que d’autres ont eues bien avant moi. À commencer par les Etats-Unis qui se sont méfiés des Schtroumpfs, prenant parfois la BD de Peyo pour une œuvre de propagande socialiste, au point de présenter le nom anglais des Schtroumpfs, Smurf, comme l’accronyme de „Small Men Under Red Forces”!
Oui aussi, parce que mon analyse est rigoureuse, documentée et fouillée.
Non, parce que si mon analyse est sérieuse, elle ne se prend pas au sérieux !
Mes détracteurs semblent dépourvus de la moindre once d’humour. Évidemment que le décalage entre, d’une part, la méthode et les concepts très durs et lourds de science-politique que j’utilise et, d’autre part, la futilité et la sympathie du sujet prête volontairement à sourire. Je n’aurais jamais cru nécessaire d’avoir à le préciser ! Evidemment et heureusement que ma démarche n’est pas dépourvue d’autodérision ! Le contraire eut été triste, non ?!
3- Est-ce une attaque contre Peyo ou une entreprise de désenchantement ? Pas le moins du monde ! Aucune dénonciation ni volonté moralisatrice de dépuration dans ma démarche. Elle n’est que descriptive, pas prescriptive.
De plus, ce serait sans fondement : Peyo n’était pas politisé, je ne cesse de le clamer ! Aucune raison de mettre en doute sa sincérité. En revanche, je crois que son œuvre (comme tant d’autres) véhicule et concentre un certain nombre de stéréotypes propres à une société et une époque données. L’analyse des Schtroumpfs nous en dirait plus sur l’environnement sociopolitique de Peyo que sur lui-même..
Je ne tiens pas plus à désenchanter qu’à dénoncer. J’ai toujours aimé les Schtroumpfs et continue de le faire. Mon propos est de superposer à une perception d’enfant une approche distanciée d’adulte, non de l’y substituer. Une approche d’ailleurs non moins ludique. En d’autres termes, je propose de continuer de jouer avec les Schtroumpfs, mais différemment.
Enfin, par-delà l’exemple des Schtroumpfs, je crois intellectuellement sain de ne pas s’interdire d’exercer sa réflexion sur les œuvres populaires. Aussi innocentes soient-elles ou semblent-elles, elles sont porteuses de sens et peuvent révéler beaucoup du monde dont elles sont les fruits. Peut-être même est-ce un impératif démocratique.
Y’a-t-il dans tout ceci quoi que ce soit de très condamnable ?
Aux lecteurs de juger, pas aux autres !
*aluzie la carticica rosie a lui Mao, indrumarul comunistului chinez