
Herge raspunsese in interviul luat de Nouma Sadoul:
Toutes les opinions sont libres, y compris celle de prétendre que je suis raciste… Mais enfin, soit! Il y a eu Tintin au Congo, je le reconnais. C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient a l’époque: „Les negres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes la etc…” Et je les ai dessinés, ces Africains, d’apres ces criteres-la, dans le plus pur esprit qui était celui de l’époque, en Belgique. Plus tard, au contraire, dans Coke en Stock – et meme si l’on parle „petit negre” -, il me semble que Tintin fait assez la preuve de son anti-racisme, non?… C’est comme avec les romanichels des Bijoux. L’attitude de Tintin et celle du capitaine Haddock sont identiques: ils prennent leur défense, a l’encontre de tous les préjugés. Seulement dans Coke en Stock, en montrant les Noirs promis a l’esclavage et des Arabes esclavagistes, je fais aussi du racisme, mais vis-a-vis des Arabes, cette fois! On en finira jamais!… Pour le Congo, tout comme pour Tintin au Pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais. En fait, Les Soviets et le Congo ont été des péchers de jeunesse. Ce n’est pas que je les renie. Mais enfin, si j’avais a les refaire, je les referais tout autrement, c’est sur. Et puis quoi qu’il en soit, a tout péché miséricorde!… Et notez que, déja dans Tintin en Amérique, je montrais la puissance blanche, la finance exploitant les Indiens. Pour un „raciste”, je ne cachait pas mes sympathies, il me semble! Et mes Chinois du Lotus Bleu? Souvenez-vous des avanies que les Blancs leur faisaient subir… Je ne cherche pas a m’excuser: j’avoue que mes livres de jeunesse étaient typiques de la mentalité bourgeoise belge d’alors: c’étaient des livres „belgicains”!…
(Numa Sadoul, Entretiens avec Hergé – prima editie 1975)